dimanche 26 mars 2017

CHAP. N°7 — MON "PARRAIN" DE BOSTON




      Je travaille à nouveau avec Tobias, je m’occupe de l’exportation aux Amériques des vrais-faux meubles anciens produits pas son atelier d’ébénisterie.
L’importation de voitures US, c’est terminé, ça a eu payé, mais ça paye plus, maintenant l’essence est trop chère pour alimenter ces gouffres, reste juste encore quelques véhicules de collection, que mon père conserve précieusement sous bâche pour plus tard – Tu verras, un jour, elles vaudront leur poids en or. Il ne se trompait pas.
Les meubles sont payés en dollars, sur facture, taxe de douane, déclaration et tout le tralala habituel. C’est un comptable qui s’en occupe, nous on n’a pas trop l’habitude !!
Blaise, j’ai un problème avec notre agent à Boston, il ne nous a toujours pas payé les dernières livraisons de meubles, il y en a pour 150.000 $. Il faut que tu te rendes à Boston, pour lui remuer les fesses. Tu reviens avec l’argent, sinon on arrête tout, il y a d’autres débouchés intéressants avec les Russes et Galya a des connexions à Saint-Pétersbourg.
– OK, père, je prends mon billet, et je pars le plus vite possible.
– Martina, je dois partir aux États-Unis régler une affaire urgente pour mon père. Je te téléphone dès mon arrivée à Boston. J’en ai pour 3 ou 4 jours.
Vol sans histoire, c’est la première fois que je mets les pieds aux USA. Atterrissage au Logan Airport de Boston. Taxi jusqu’à Brooklyn et une adresse à Jamaica Plaine, un quartier de Boston.
Le taximan me dit qu’il n’y va pas, trop dangereux.
– Non... non ici, c’est « Zone Crime », vous voyez les écriteaux… là. Descendez, je ne vais pas plus loin, vous pouvez prendre le bus, mais faites gaffe, il y a danger. 
Il m’a foutu la trouille, ce con. Par prudence, je renonce momentanément, 
– Bien, alors amenez-moi dans un hôtel proche, à Brooklyn.
Je loue une chambre, juste pour déposer mes bagages, et mettre des habits moins voyants, ensuite, je téléphone à notre correspondant.
– Good look Mister Ramirez, je suis Blaise Le Wenk le fils de Tobias, je voudrais vous rencontrer. Non... vous envoyez une voiture me chercher à l’hôtel Eliot. Dans 15 minutes… OK, j’attends devant l’entrée.
Une grosse Cadillac noire rallongée avec vitres fumées s’arrête devant moi.
Le chauffeur, en Ray Ban et Bob vissé sur la tête, baisse la vitre…
– Vous êtes Mister Le Wenk ? Yes – montez.
Demi-tour sur place, les pneus fument, démarrage de F1, je suis collé au siège. Nous traversons le quartier de Jamaica à plus de 100 à l’heure, ici il n’y a jamais de policier. De chaque côté de la rue des maisons standards à l’américaine délabrées et inhabitées, certaines squattées. Des mecs à la coupe afro ou rasta qui glandent sur les trottoirs, assis sur les escaliers des baraques ou qui jouent au base-ball au milieu de la rue.
Virage brusque à gauche, la cadi s’engage dans une allée bordée d’arbres, stoppe devant une entrée à colonnes de marbre blanc que domine une immense maison en pierres de taille, ce qui est extrêmement rare en Amérique.
– Descendez, c’est ici.
Pas loquace le chauffeur. 
La grosse bagnole noire redémarre, toujours sur les chapeaux de roues et disparaît à l’arrière du bâtiment.
En haut de l’escalier se profile un homme qui doit bien faire ses 150 kilos pour près de 2 mètres, un véritable colosse. 
– Monsieur Le Wenk... montez. Bonjour, je suis Manuel Ramirez, je ne vous connais pas, mais je connais bien votre père Tobias. Nous avons fait de bonnes affaires ensemble.
Entrez, vous êtes mon invité, installons-nous dans ce salon. Whisky ? Bloody Mary ou un rhum de chez nous ?
Alors monsieur Le Wenk junior qu’est-ce qui vous amène jusqu’ici, dites-moi ?
Je suis un peu interloqué par la tournure des événements, et, je peux le dire, carrément inquiet. Je suis bien obligé de constater que j’ai en face de moi une sorte de parrain ou au minimum un chef de gang.
Attaquons d’emblée, avec ce genre de bonhomme, vaut mieux ne pas finasser.
– Monsieur Ramirez, je constate que vous êtes un homme d’affaires important, vous traitez certainement de gros volumes d’argent. Cependant, plusieurs de nos factures sont restées impayées depuis plus de 6 mois, ce qui n’est pas dans vos habitudes. Il est possible que cela vous ait échappé ou que ce soit un oubli de votre comptable... Ou alors il y a eu un problème sur la qualité de la marchandise livrée ?
Ouf... j’attends sa réaction en me donnant une contenance impassible de joueur de poker.
Ramirez prend un air offusqué, vous êtes certain ? Un moment... Un rugissement... Juan ! viens ici.
– C’est mon comptable.
Un petit homme maigre apparaît dans l’embrasure.
– Oui monsieur Ramirez !
– Va me chercher les dossiers de la douane.
– Tout de suite, je reviens. – le voilà. Il y a un problème, monsieur ?  
– D’après monsieur Le Wenk, ici présent, il semblerait que des factures échues des Établissements Tobias Le Wenk à Genève, soient restées impayées ou en suspend. Contrôle-moi ça immédiatement.
– Voyons voir... en effet, je constate que les dernières factures n’ont pas été payées.
– Pour quelle raison ?
– Un problème avec la douane, je crois. 
– Tu crois, comment ça tu crois ?
Juan s’approche de son patron, et lui murmure quelques mots à l’oreille.
– Ah… je vois ! c’est bon Juan, prépare un chèque de 180.000 $ à l’ordre de Tobias Le Wenk.
– Monsieur Le Wenk, veuillez nous excuser pour ce contretemps, nous avons eu un problème d’arrosage avec un douanier, vous voyez ce que je veux dire – dit-il en clignant d’un œil.
– Voilà votre chèque. En attendant, vous êtes mon invité pour ce soir. Nous allons organiser une petite fiesta en votre honneur. 
En fait une sacrée fiesta rasta avec musique, danse et danseuses, cookies fourrés à la marijuana, le tout accompagné de forces rasades de rhum arrangé façon Kingston.



Ah... ils savent recevoir les Jamaïcains d’Amérique.
Réveil dans un immense lit aux draps de soie, à mes côté une des belles danseuses de la soirée, intégralement nue. Dommage je n’ai plus aucun souvenir du tango final.
Je me lève en douceur pour prendre une douche, je ferme les yeux sous l’eau tiède, tiens, mais qui voilà là...! ma danseuse qui arrive également et se glisse sous la douche, avant que j’aie eu le temps de protester, la voilà qui se saisit de mon sexe, le masse avec doigté, se met à genoux sous l’eau ruisselante et me le gobe comme une huitre fraîche gloupfff... gloupfff... Aaaah... Ouilll... mon voyage à Boston n’aura pas été inutile, ça non.
Après m’être rhabillé et vérifié que ma montre et le chèque sont bien dans ma poche, je descends dans le hall d’entrée, mon hôte est là sur la galerie, se balançant dans son rocking-chair.
– Hello Mister Le Wenk, content de votre séjour ?
– Tout a été parfait, je vous en remercie monsieur Ramirez. Pouvez-vous me faire raccompagner à mon hôtel, j’ai un vol de retour à midi pour Genève.
Un hurlement... Ernesto ! Va chercher la voiture et accompagne monsieur Le Wenk à son hôtel.
– Au revoir monsieur Ramirez.
– Salut, Blaise, appelle-moi Manuel maintenant. Si un jour tu as un problème, tu me téléphones ou tu viens me trouver ici. OK ? Tchao...
– Une question, si tu me permets Manuel... quel intérêt as-tu d’acheter des meubles anciens à mon père. ?
Manuel part d’un grand éclat de rire. 
– Blaise, je m’en fous de vos meubles, mon organisation prélève une taxe sur toutes les importations qui arrivent dans les ports de New York à Boston, avec l’aide des douaniers, qui peuvent ainsi arrondir leurs bulletins de paye s’ils me communiquent un double des factures. C’est l’importateur qui paye, entre 3 à 5 % du montant, en échange, nous facilitons les transactions douanières ou, dans certains cas, nous les rendons très compliquées et même quelquefois nous nous approprions la marchandise, lorsque le commerçant refuse de payer la taxe. Si tu avais bien observé, j’ai meublé une partie de ma demeure avec vos meubles. T’as compris mon business, nous sommes des “facilitateurs” du commerce international.
Par contre c’est moi qui lui fournissais les voitures d’occasion en compensation des factures de meubles. Le problème vient de là, vous ne voulez plus de nos voitures, et moi je ne veux pas payer les factures à la place de cet antiquaire new-yorkais qui refuse de payer notre petite surtaxe.
Étrange ambiance, c’est bien la première fois que je pénètre chez un ponte de la mafia et surtout que j’en ressors entier. Au fait, ils sont sympas, si tu ne les contraries pas, il suffit d’être réglo et cela se passe bien. N’empêche que je ne saurais probablement pas venu si j’avais été au courant. Je me demande si Tobias savait, je ne le pense pas.
Rentrons ; vol Boston – Genève. 6 heures d’un sommeil réparateur, j’ai encore la gueule de bois. Arrivé à Cointrin, je prends un taxi pour la rue des Buis où se trouvent les Établissements de Tobias.
Je monte quatre à quatre les escaliers qui mènent au bureau de mon père, il est là assis sur son fauteuil tournant, plongé dans ses paperasses.
– Salut, père, voilà le chèque avec une rallonge pour le retard. Dis-moi, tu m’as envoyé dans la gueule du loup, tu savais que Ramirez est à la tête d’une organisation maffieuse ?
Je lui raconte ma rencontre et le véritable business de monsieur Manuel Ramirez.
– Bien sûr que non, je ne l’ai jamais rencontré, je me doutais bien qu’il y avait un loup, mais pas à ce point, ben merde. Merci fils. Tiens ce chèque de 30.000-Fr., pour ton aide sur ce coup.


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